Le printemps venu, vous en croisez d’immenses tapis de fleurs bleu céleste, à l’ombre des sous-bois, dans des haies ou accrochés à des rochers. Plante commune vendue par ailleurs en jardinerie pour agrémenter les espaces verts, elle peut se montrer envahissante. La petite pervenche est une herbacée qui apprécie les lieux frais, peu lumineux et plutôt secs. Elle fait partie de la famille des Apocynacées.
Le nom de genre des pervenches, Vinca, proviendrait soit du latin vincere (triompher) en référence à ses nombreuses vertus médicinales ou à son feuillage persistant en hiver, soit du latin vincire (lier, attacher) en référence à sa capacité à s’étendre. Le nom d’espèce de la petite pervenche Vinca minor lui est ainsi attribué parce que ses fleurs sont plus petites que celles de la grande pervenche Vinca major.
Cette vaste famille de plus de 5000 espèces se répartit quasiment dans le monde entier en s’adaptant à presque tous les environnements. La plus grande partie d’entre elles est toutefois tropicale.
Presque toutes les espèces semblent toxiques. Certaines en raison de la présence de stéroïdes cardiotoniques, d’autres en raison de la présence d’alcaloïdes monoterpéniques de type indole. Dans plusieurs régions du monde, elles seraient employées lors de suicides et d’empoisonnements.
En France, à l’état sauvage seules trois espèces se rencontrent communément : les deux pervenches (Vinca minor et Vinca major) et le laurier-rose (Nerium oleander). Il y aurait moins de dix espèces au total dans la métropole.
La petite pervenche possède des feuilles ovales-elliptiques, opposées, persistantes et vert foncé. Elle possède à la fois des tiges végétatives rampantes d’environ 2 mètres de long, et des tiges plus courtes, dressées qui portent les fleurs. Les cinq pétales sont soudés sur une partie de la corolle et leur extrémité est tronquée obliquement.
La grande pervenche se distingue de la petite par la présence de cils sur la marge des feuilles, qui sont de surcroît ovales-cordiformes. Les rameaux florifères sont plus grands (plus de 30cm) et la corolle plus large (4-5cm).
Les fleurs s’épanouissent au printemps pour les deux espèces.
Dans le langage des fleurs, le violet symbolise la paix, la douceur, la générosité et la spiritualité. C’est une couleur qui parle au cœur. La pervenche peut être associée à l’amitié fidèle ainsi qu’à la mélancolie provoquée par un premier amour perdu.
Une drogue anti-cancer est tirée de la pervenche de Madagascar (Catharanthus roseus).
Plus de 150 alcaloïdes ont été identifiés dans les extraits de cette espèce. Beaucoup d’entre eux ont démontré une activité anti-tumorale par inhibition de la division cellulaire, comme peuvent le faire les taxanes de l’if et la colchicine du colchique. Les deux alcaloïdes les plus importants sont la vincristine et la vinblastine, qui sont désormais produits en laboratoire.
Ce sont les feuilles de la petite pervenche qui sont traditionnellement utilisées en phytothérapie. Leur récolte s’effectue avant la floraison. Cette plante est recommandée dans les troubles de la circulation et des fonctions cognitives. En effet, elle est vasodilatatrice artérielle ainsi que protectrice des capillaires sanguins, par augmentation de leur résistance et diminution de leur perméabilité. En améliorant le débit sanguin, elle permet une meilleure irrigation et une meilleure oxygénation tissulaire.
Insuffisance circulatoire chronique ou cérébrale, troubles de la mémoire, altération de la concentration, bourdonnements d’oreilles et vertiges, la petite pervenche soutient la microcirculation, en particulier la microcirculation cérébrale.
La plante renferme de nombreux alcaloïdes, dont le principal est la vincamine. Mucilages, flavonoïdes, terpènes et iridoïdes sont eux aussi présents.
La petite pervenche est déconseillée en cas de grossesse. Attention toutefois en cas de prise de laxatifs stimulants, de médicaments anti-arythmiques ou hypokalémiants, il est préférable de demander l’avis d’un médecin au préalable.
Ce trouble temporaire de la microcirculation sanguine se manifeste principalement au niveau des doigts qui, exposés au froid, deviennent blancs et insensibles. Les vaisseaux vont se contracter temporairement, privant les doigts de sang et d’oxygène. Ce trouble peut toucher un ou plusieurs doigts, la main et parfois le nez, les oreilles ou encore les pieds. Dans 90% des cas le syndrome n’a pas de cause connue, mais dans 10% il est lié à une autre maladie, souvent une maladie auto-immune.
Avant le début de l’hiver, réalisez une cure d’un mélange d’extraits hydro-alcooliques de petite pervenche, de vigne rouge et de macérât glycériné de bourgeon de myrtillier. Antioxydantes et angioprotectrices, ces plantes favorisent une bonne microcirculation.
Pendant 21 jours, diluez matin et soir en dehors des repas 15 gouttes de chaque dans un peu d’eau. Renouvelez si besoin après 7 jours d’arrêt.
En complément, massez chaque soir vos mains avec un macérât huileux de marronnier d’Inde. Le marronnier d’Inde est lui aussi veinotonique.
Il sera nécessaire d’éviter l’exposition des extrémités au froid : une bonne paire de moufles (plutôt que des gants pour que les doigts soient en contacts les uns avec les autres) sera indispensable, et les chaufferettes de bonnes alliées ! Veillez également à ne pas vous exposer trop brusquement au froid.
L’arrêt du tabac et du café est également recommandé : les alcaloïdes qu’ils renferment provoquent une vasoconstriction, ce qui accentue le syndrome de Raynaud.
Enfin une activité physique, pratiquée de façon régulière, entretient la bonne circulation sanguine.
Bourdonnements, sifflements ou sensations pulsatiles dans une oreille ou les deux sans raison extérieure ? Ce sont des acouphènes, perceptions produites par l’oreille interne qui dysfonctionne. Les études ne sont pas formelles sur les causes, mais il semblerait que la microcirculation et l’oxygénation soient impliquées. Par ailleurs le stress, qui s’exprime sous forme d’anxiété, d’angoisse, de troubles du sommeil ou de spasmophilie, accentue ces symptômes.
Les acouphènes ne s’accompagneront pas de la même façon en fonction de leur origine. Cette proposition concerne ceux qui sont assortis de troubles nerveux.
L’action de la petite pervenche sur la microcirculation sera soutenue par celle du ginkgo qui est vasodilatateur, antioxydant, neuroprotecteur et tonique veineux. La mélisse qui est sédative et équilibrante du système nerveux mais aussi anti-oxydante et antispasmodique complètera l’action en agissant non seulement sur le trouble nerveux, mais aussi sur le système circulatoire.
Pendant 21 jours en dehors des repas matin et soir, prendre 15 gouttes de chaque dans un peu d’eau. Renouvelez si besoin après 7 jours d’arrêt.
Le ginkgo est contre-indiqué pour les personnes sous anticoagulants. Il est possible de le remplacer par le macérât glycériné de bourgeon de sorbier.
Il est recommandé de se supplémenter avec 375mg/j de magnésium marin pendant 3 mois. Utile pour le système nerveux, il est bénéfique sur la spasmophilie, l’anxiété et les insomnies.
Pour protéger l’oreille interne il faudra privilégier une alimentation à la fois anti-oxydante, riche en vitamines, et à la fois anti-inflammatoire, pauvre en sucres raffinés, en excitants et en acides gras saturés.
La petite pervenche est une plante très intéressante pour la circulation cérébrale. Utilisée de façon spécifique et marginale jusqu’ici, son usage pourrait bien se développer puisque le nombre de personnes souffrant de maladies neurodégénératives est en augmentation. Un autre atout, de taille, est que cette petite plante facile à cultiver et même parfois invasive, ne subit aucune pression écologique.
Ces propositions ne permettent pas de se substituer au diagnostic ni aux prescriptions d’un médecin, ni aux conseils d’un pharmacien. Aucun traitement médical ne doit être modifié sans l’accord préalable du prescripteur. Consultez un professionnel de santé avant toute auto-médication.
Claire Mison, praticienne en Herboristerie traditionnelle
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