La Saint-Jean : solstice d’été, traditions païennes, fête religieuse et magie blanche

Posté le25/05/2022

C’est entre les 21 et 24 juin que les jours sont les plus longs dans l’hémisphère nord. Le soleil au zénith chauffe la terre de sa pleine puissance. Si cette période compte les journées les plus longues, elle compte aussi les nuits les plus courtes !

Comme de nombreuses fêtes, la Saint-Jean a des origines si lointaines qu’il est difficile de les cerner. Le solstice d’été était déjà célébré par les Romains et les Égyptiens de l’Antiquité.

Alors que la date du solstice évolue entre le 20 et le 22 juin, la fête Saint-Jean occupe la date fixe du 24 juin dans notre calendrier grégorien. De la fête païenne à notre fête de la musique, des siècles de traditions et de folklores ont accompagné cette phase solaire.

Millepertuis


Le solstice d’été : un phénomène astronomique

Le mot solstice provient du latin sol soleil et stare s’arrêter. En astronomie il désigne le jour le plus long en été mais aussi la nuit la plus longue en hiver. Dans son orbite la Terre adopte une position remarquable où le Soleil nous apparait à une hauteur maximale en été et minimale en hiver. Dans notre calendrier la date du 24 juin marque la fin de l’apogée du Soleil. Traditionnellement, ce solstice d’été se célèbre avec un feu de joie dehors, alors que le solstice d’hiver se célèbre avec un feu domestique dans la cheminée.


Une fête païenne au moyen-âge

Selon les régions, différentes traditions accompagnaient le feu pour obtenir de bonnes récoltes : ici des pierres étaient jetées dans le brasier, là-bas les cendres étaient répandues dans les champs, là on sautait le plus haut possible au-dessus des flammes pour encourager la pousse. L’Homme rend hommage à sa terre fertile, fécondée par le soleil.

Allumés sur des places publiques, à la croisée des chemins ou en hauteur, les feux de cette nuit éclairent aussi les promenades nocturnes d’être surnaturels… afin de les éloigner (fées, sorcières, âmes en peine, elfes, nains, démons).
 

Le rôle de l’église : qui est Saint Jean ?

Jean le Baptiste est le prophète qui annoncera la naissance de Jésus Christ, son cousin. Il prédit joie, allégresse et réjouissance. Personnage influent, il dira du Messie « il faut que lui grandisse, et que moi je décroisse ». Au 5ème siècle, par analogie avec la course du soleil, les chrétiens choisiront le 24 juin pour marquer la date de naissance de Saint-Jean.

A la fin du 17ème siècle, l’évêque de Maux, Jacques-Bénigne Bossuet, christianise le solstice d’été. Désormais, c’est à Saint-Jean que les feux sont dédiés, les superstitions sont bannies.

 

Ce qu’il reste de cette tradition

En France, jusqu’à la Révolution de 1789 cette fête, baptisée « Noel d’été », est chômée. Au début du 20ème siècle, dans l’ouest des chaudrons sonores chantaient encore auprès du feu de joie. Le son se répandait aux alentours et permettait de se répondre de lieu en lieu.

Le 21 juin 1982 se tient la première fête de la musique. Célébration du solstice inspirée des traditions païennes, elle remplace désormais les feux de joie interdits progressivement pour des raisons de sécurité, d’environnement et d’écologie.

Dans la tradition païenne, cette journée appelée Litha est consacrée à la récolte d’herbes magiques pour célébrer l’amour, la protection et la guérison. Elle fait partie aujourd’hui des 8 sabbats du calendrier de la wicca.

 

Les plantes de la Saint-Jean

Le nombre de plantes et les espèces varient selon les régions : n’oublions pas que les plantes sauvages sont adaptées à leur lieu de vie ! Oserez-vous pratiquer la magie blanche, celle des sorcières et sorciers qui protègent et guérissent ?

 

L’achillée millefeuille (Achillea millefolium)

Citée dans la mythique guerre de Troie, son pouvoir hémostatique permet de panser les blessures du héros grec Achille. Si lors d’une randonnée vous vous écorchez, essayez de frotter ses feuilles sur la plaie !

Pour les Celtes l’achillée permettait aux rois de gagner le ciel.

Un exemple d’utilisation ?

Hémostatique, anti-inflammatoire et antispasmodique des muscles lisses mais aussi lutéotrope par action hépatique, l’extrait hydro-alcoolique de plante fraiche accompagnera la dysménorrhée. Deux semaines avant les règles et pendant toute leur durée (3 semaines en tout), prendre en dehors des repas 15 gouttes matin et soir directement sous la langue ou diluées dans un fond d’eau peu minéralisée.

 

L’armoise commune (Artemisia vulgaris)

L’armoise est dédiée à Artémis, déesse des femmes et des vierges. Associée à la magie blanche, l’armoise exorcise les esprits et provoque des rêves prophétiques lorsqu’elle est placée sous l’oreiller. Jetée dans le feu, elle guérirait l’épilepsie.

Un exemple d’utilisation ?

Emménagogue, elle favorise le retour des règles après l’accouchement. Prendre en dehors des repas 15 gouttes matin et soir d’extrait hydro-alcoolique de plante fraiche pendant 3 semaines. Renouveler si besoin après une semaine d’arrêt.

 

Le lierre terrestre (Glechoma hederacea)

A ne pas confondre avec le lierre grimpant (Herera helix), cette petite plante herbacée très répandue dans les sous-bois servait au traitement des voies respiratoires en Grèce. Chargée de magie blanche, celle ou celui qui en couronne une chandelle pourra se libérer d’un envoutement.

Un exemple d’utilisation ?

Notamment grâce à la marrubiine, diterpène labdanique qu’il contient, le lierre terrestre est expectorant, antalgique et anti-inflammatoire. C’est une plante de choix dans l’accompagnement de la bronchite. En cas de toux grasse, prendre 15 gouttes matin et soir d’extrait hydro-alcoolique de lierre terrestre frais, en dehors des repas, directement sous la langue ou diluées dans un fond d’eau peu minéralisée, pendant 7 jours. Chez l’enfant, comptez 2 gouttes par année d’âge idéalement réparties en 2 prises par jour.

 

Le millepertuis (Hypericum perforatum)

Cette herbe aux mille trous est assortie de magie blanche. Placée autour des portes et des fenêtres, elle empêche les démons d’entrer. Elle remplira aussi cette tâche en passant 3 fois au feu des bouquets disposés en croix. En Grèce, ce chasse-diable était déjà utilisé pour le traitement des plaies, et au Moyen-Âge pour éloigner la mélancolie. Le suc rouge qui s’échappe des fleurs froissées symboliserait le sang de Jean le Baptiste mis à mort par décapitation.

Un exemple d’utilisation ?

Le macérât huileux de millepertuis, appelé aussi huile rouge ou huile de la Saint-Jean, est réputé pour ses propriétés vulnéraire, anti-inflammatoire et antalgique. Allié de l’été, il soulagera les coups de soleil et autres brûlures superficielles. Le soir après la douche, sur une peau propre et sèche, appliquez cette huile en massage doux sur la zone concernée. Il est recommandé de ne pas s’exposer au soleil après l’application, le millepertuis étant photosensibilisant.

Ajoutez 1 goutte d’huile essentielle d’helichryse italienne (Helichrysum italicum) pour 4 pulvérisations de ce macérât et vous obtiendrez une huile de massage qui soignera les ecchymoses, les hématomes, les courbatures et les plaies.

 

Le noisetier (Corylus avellana)

S’il est un arbuste des plus généreux, c’est bien lui ! Ses fruits savoureux nourrissent l’homme depuis le Néolithique. Ses branches transformées en légendaire baguettes par les sourciers et les chercheurs d’or étaient aussi utilisées pour les incantations druidiques et les balais de sorcières. Ses feuilles sont aujourd’hui employées dans les affections cardiovasculaires.

En magie blanche il favorise la fidélité, la guérison et la divination.

Un exemple d’utilisation ?

Veino-tonique, anti-œdémateux et vasoconstricteur, le bourgeon de noisetier pourra s’utiliser en cas d’insuffisance veineuse (jambes lourdes, varices, hémorroïdes). En prévention pour éviter l’apparition des symptômes et bien avant que les grosses chaleurs n’arrivent, prendre 9 gouttes matin et soir avant ou après un repas, dans un peu d’eau. Faire des cures de 3 semaines, et renouveler jusqu’à 3 fois après une semaine d’arrêt entre chaque cure.

 

Le 24 juin, comment honorer simplement la Terre, l’Amour et la Fertilité ?

Allez pieds-nus cueillir des plantes, le matin après la disparition de la rosée. Conviez les personnes que vous aimez (amis, famille, voisins) et rassemblez-les autour d’un feu de joie (même celui d’une chandelle). Réalisez ensemble des bouquets avec les plantes cueillies, riez, chantez et dansez ensemble.

Vous pouvez choisir de bruler les bouquets, ou de les faire sécher pour des fumigations ultérieures.

 

Claire Mison, praticienne en Herboristerie traditionnelle

 

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