Le genre origanum

Provenant de deux mots grecs oreos, montagne et ganos, beauté ou éclat, le terme origanum peut se traduire par « splendeur de la montagne ».

Ce genre est composé d’un peu moins de 50 espèces qui sont réparties principalement dans le bassin méditerranéen.  Elles affectionnent les terrains rocheux, calcaires, secs et bien ensoleillés. A l’état sauvage en France nous pouvons trouver origanum vulgare, l’origan commun. Au jardin origanum majorana, la marjolaine, se cultive et agrémente nos recettes de cuisine. Anti-infectieuse puissante, l’huile essentielle d’origanum compactum, l’origan compact, trouvera sa place dans la trousse à pharmacie.

De la famille des lamiacées, les espèces de ce genre produisent des essences responsables de leurs propriétés aromatiques et médicinales.

La famille des lamiacées : une origine qui se trouve dans la mythologie grecque

Ce nom de famille est inspiré de Lamia, fille de Poséïdon. Pour la punir de son aventure avec Zeus, Héra (sa femme), tue les enfants de Lamia. Afin que cette dernière puisse se venger, Zeus la transformera en créature féroce, semblable à un requin à la gueule immense, qui dévorera des enfants.

Avec ses corolles bilabiées, c’est à cette gueule d’ogresse que fait référence le nom de famille des lamiacées. En effet, les 5 pétales soudés se regroupent en 2 lobes sur la lèvre supérieure, et 3 lobes sur la lèvre inférieure. Le genre origanum ne fait pas exception et possède bien cette corolle caractéristique.

Quelques critères de reconnaissance botanique

Les caractéristiques communes à toutes les lamiacées, en plus de la corolle bilabiée, sont une tige carrée, des feuilles opposées décussées et un tétrakène lisse comme fruit.

Les espèces du genre origanum sont le plus souvent des herbacées vivaces ou des petits sous-arbrisseaux. Les fleurs sont regroupées en panicules ovoïdes portés par des bractées de couleur pourpre ou jaune-vert. Lors de vos promenades, vous reconnaîtrez l’origan sauvage par ses tiges rougeâtres, ses feuilles duveteuses et ses fleurs rosées.

Origanum majorana : la marjolaine

Comment l’appeler ?

Des jardins, à coquille ou officinale, tous ces noms vernaculaires de marjolaine qualifient la même espèce. Le descriptif « des jardins » lui vient de sa culture, « à coquille » fait référence à ses bractées très serrées les unes contre les autres, et « officinale » à ses propriétés médicinales.

Le nom « marjolaine » pourrait provenir du persan « marzan-gush » qui signifie « oreille de souris » et qui pourrait décrire la forme de ses feuilles.

D’où vient-elle ?

Elle serait originaire du sud-ouest de l’Asie, ce qui pourrait correspondre au territoire de l’Empire perse. On la trouve cultivée depuis dans tout le bassin méditerranéen.

Comment la reconnaître ?

C’est une espèce très proche de l’origan commun dont elle se distingue par une tige verte, des fleurs plus pâles, lilas à blanches et groupées en épis. Les bractées sont en forme de cuillère, de couleur verte et ses feuilles sont plus arrondies que pour l’origan commun.

Elle est aromatique avec un parfum épicé, agréable, douce, chaude et apaisante.

Comment l’utiliser en phytothérapie ?

Elle pourra être utilisée en tisane ou en extrait hydro-alcoolique de plante fraîche pour son action sédative, calmante et ré-équilibrante du système nerveux. Elle permettra de surmonter contrariétés et chagrins. Également anti-infectieuse et anti-inflammatoire, elle pourra accompagner les affections respiratoires d’origine virale ou bactérienne. Si vous souffrez de troubles digestifs d’origine nerveuse (dyspepsie, ballonnements, gastrite) ou d’indigestion, elle pourra aussi vous soulager. Dans ce cas, diluez matin et soir dans un peu d’eau 15 gouttes d’extrait hydro-alcoolique pendant 21 jours. Renouvelez si nécessaire après une semaine d’arrêt.

Par voie externe, le macérât huileux de marjolaine soulagera vos douleurs ostéo-articulaires grâce à son action anti-inflammatoire. Enfin, elle adoucira les peaux atopiques ou les narines irritées d’avoir été trop mouchées.

Origanum vulgare : l’origan commun

Comment l’appeler ?

C’est l’origan qui se trouve communément à l’état sauvage. Marjolaine bâtarde, marjolaine sauvage, la proximité de ces deux espèces est telle qu’elles se confondent ! L’adjectif « vulgare » décrit en latin ce qui est banal, ordinaire, commun. 

D’où vient-il ?

L’origan commun est d’origine Européenne. Il se trouve dans les lieux secs et incultes jusqu’à l’Asie tempérée et même en Amérique du Nord.

Comment le reconnaitre ?

Sa tige et ses bractées sont rougeâtres, ses fleurs roses, rouges ou violettes. Les panicules sont ovoïdes et non pas allongées comme chez la marjolaine. Ses feuilles sont légèrement plus pointues que chez sa cousine.

Comment l’utiliser en phytothérapie :

La phytothérapie d'origan commun apaise les voies respiratoires et les toux grasses avec son effet balsamique. Il est également anti-infectieux, antispasmodique et immunostimulant ce qui en fait un allié pour les affections respiratoires hivernales, mais aussi pour les infections digestives et les troubles digestifs.

Si vous souffrez d’une toux grasse ou irritative, réalisez un sirop d’origan commun. Pour cela, plongez 25gr de sommités fleuries sèches dans 200 ml d’eau bouillante et couvrez. Laissez frémir 2 à 3 minutes, coupez le feu. Le lendemain filtrez et pesez la quantité de liquide. Ajoutez 130 gr de sucre pour 100 gr de liquide. Faites fondre le sucre à petit feu et embouteillez à chaud sans oublier d’étiqueter votre préparation. Vous prendrez 1 cuillère à soupe (environ 15 ml) le soir avant le coucher, pendant 7 jours. Complétez ce soin par 15 gouttes matin et soir, directement sous la langue ou diluées dans un fond d’eau peu minéralisée, du complexe de plantes fraîches Mycolys. Il a été spécialement formulé avec des plantes traditionnellement utilisées pour leurs propriétés anti-infectieuses. Utilisez ce complexe sur une cure de 21 jours.

Origanum compactum : l’origan compact

Comment l’appeler ?

L’adjectif « compact » permet de le différencier de l’origan commun.

D’où vient-il ?

Cet origan est originaire d’Afrique du Nord. Très répandu au Maroc, il est possible de le trouver sous le nom origan du Maroc.

Comment le reconnaître ?

Cet origan tire son adjectif « compact » de son inflorescence très compacte.

Comment l’utiliser en phytothérapie ?

En France nous trouverons uniquement son huile essentielle. Anti-bactérienne puissante et à large spectre, elle accompagne les phases aigues d’épisodes infectieux : infections digestives, urinaires et respiratoires. Son spectre d’action ne se limite pas aux bactéries. Elle sera redoutablement efficace sur les virus, les champignons et autres parasites comme la teigne, la gale, les mycoses ou les verrues.

Cette huile essentielle est à utiliser avec beaucoup de vigilance car elle présente une causticité très importante due à la présence de phénols, tel que le carvacrol et le thymol. Elle se réserve aux adultes et pour des temps très courts. Elle est contre indiquée chez la femme enceinte, allaitante et chez les sujets souffrant d’insuffisance hépatique ou d’ulcère gastrique. Très dermocaustique, il ne faudra jamais l’appliquer pure mais diluée entre 5 et 20% maximum. Quelle que soit l’infection, préférez cette voie d’administration plutôt que la voie interne.

En cas de cystite, dans la paume de la main ajoutez 1 goutte d’huile essentielle pour 4 pulvérisations de macérât huileux de marronnier d’Inde. Ce macérât s’utilise traditionnellement pour décongestionner la zone du petit bassin et favoriser la microcirculation. Massez le bas ventre, dans la zone de la vessie. Renouvelez l’application 2 fois par jour pendant 3 jours sur une peau propre et sèche. N’oubliez pas de faire un test de tolérance cutanée au pli du coude.

En résumé, si vous êtes sujets aux infections ou aux troubles digestifs (d’origine nerveuse ou non), les espèces du genre origanum seront des alliées de premier choix !

Claire Mison, praticienne en Herboristerie traditionnelle