Les composés qui soignent

Posté le30/09/2022

Contrairement à la médecine allopathique dans laquelle des composés sont isolés, la phytothérapie utilise la plante entière. Cela permet de bénéficier du totum, c’est-à-dire de l’ensemble des composés présents. L’étude de chaque composé de ce totum ne permet pas, le plus souvent, de comprendre le mode d’action ni d’expliquer l’efficacité des remèdes traditionnels. Cependant, pour certaines plantes, il arrive que les scientifiques mettent en évidence un effet précis. Voici quatre exemples de composés qui permettent d’expliquer en partie les bienfaits des plantes dans lesquelles ils se trouvent.

 

Les oligomères proanthocyanidiques (OPC) de la vigne rouge : anti-oxydant

Phytothérapie de Vigne rouge Bio 


Un peu de chimie

Les OPC appartiennent à la très grande famille des composés polyphénoliques appelés aussi tanins. Les OPC sont des proanthocyanidols, c’est-à-dire des tanins condensés non hydrolysables que l’on différencie des tanins hydrolysables.

 

Quelles actions ?

Les OPC possèdent une action anti-oxydante plus puissante que la vitamine C et que la vitamine E. Ils se combinent aux radicaux libres produits naturellement par notre organisme au cours des réactions métaboliques. Cela évite que les radicaux libres n’endommagent lipides, protéines, ADN et n’altèrent le bon fonctionnement de nos cellules.

 

Usages traditionnels de la plante

Les OPC ne sont pas les seuls composés polyphénoliques présents dans la vigne rouge, Vitis vinifera. Nous y trouvons également des flavonoïdes, des anthocyanosides et des stilbènes. Anti-inflammatoires et antioxydants tout ce cocktail de molécules est angioprotecteur ! En augmentant la résistance de la paroi sanguine, la phytothérapie de vigne rouge exerce une puissante activité protectrice sur le système cardio-vasculaire.

Recommandée pour soulager inconfort et lourdeur des jambes, elle améliore l’ensemble des symptômes causés par une insuffisance veineuse chronique.

L’effet anti-oxydant de la vigne rouge limite le vieillissement cellulaire global de notre organisme. Vous voulez ralentir les effets du temps sur votre peau ou l’aider à se renouveler après l’exposition au soleil de cet été ? Faites une cure ! Pendant 21 jours diluez matin et soir 15 gouttes d’extrait hydro-alcoolique de vigne rouge dans un fond d’eau. Renouveler après une semaine d’arrêt.  

 

Les dérivés salicylés de la reine des près : anti-inflammatoire

Phytothérapie de reine des près Bio 


Un peu de chimie

L’acide salicylique est un acide phénol appartenant à la très grande famille des composés phénoliques. Chez la reine des près il se trouve sous forme de dérivés salicylés comme le salicylate de méthyle et l’aldéhyde salicylique.

 

Quelles actions ?

L’acide salicylique libéré dans notre organisme inhibe les mécanismes de l’inflammation en agissant sur le métabolisme de l’acide arachidonique. C’est un phospholipide constituant des membranes cellulaires ainsi qu’un précurseur de nombreuses molécules pro-inflammatoires. C’est en restreignant cette production que l’acide salicylique agît. Il possède également une action antalgique, antipyrétiques (limite la fièvre) et antiagrégant plaquettaire.

 

Usages traditionnels de la plante

La phytothérapie de reine des près, Filipendula ulmaria, est traditionnellement utilisée en complément de traitement contre le rhume, surtout s’il est accompagné de fièvre, et pour soulager des douleurs articulaires.

La présence de flavonoïdes lui confère des propriétés anti-oxydantes, ce qui limitera le stress oxydatif provoqué par l’inflammation. Une association de molécules qui tombe bien !

Vous ressentez des courbatures, vous avez froid, puis chaud ? C’est l’état grippal qui s’installe.

Pour ne pas tomber malade, dès les premiers symptômes utilisez l’extrait hydro-alcoolique de plante fraîche. Diluez 15 gouttes matin et soir dans un peu d’eau pendant 7j.  

A savoir : le nom commercial « aspirine » fait référence à la reine des près, que l’on peut aussi appeler « spirée » ! Le principe actif de ce médicament est un dérivé salicylé.

Attention : compte tenu de son activité antiagrégant plaquettaire, cette plante est à éviter chez les personnes sous anti-coagulants, les hémophiles et pour les femmes souffrant de règles hémorragiques. Elle est également déconseillée chez les personnes allergiques aux dérivés salicylés.

 

Les ginkgolides et la bilobaline du ginkgo : neuroprotecteurs

Phytothérapie de Ginkgo 


Un peu de chimie

Ces molécules dérivent de polymères d’isoprène ; ce sont des composés de la famille des terpènes. Les terpènes sont classés en fonction du nombre d’isoprènes qu’ils comportent. Pour mieux comprendre, imaginez des perles. Chaque perle représente une molécule d’isoprène. La bilobine en comprend trois, et provient de la classe des sesquiterpènes. Il s’agit plus précisément d’une lactone sesquiterpénique, comme nous en retrouvons dans la famille des Astéracées.

Les ginkgolides en comprennent quatre, et proviennent de la classe des diterpènes, comme le taxane, une molécule anti-cancéreuse extraite de l’If.

 

Quelles actions ?

Les ginkgolides inhibent l’agrégation plaquettaire, agissant ainsi comme fluidifiants sanguins et protecteurs des parois vasculaires. La bilobine augmente l’oxygénation des cellules, améliorant leur fonctionnement. Ces composés induisent une meilleure irrigation cérébrale et un meilleur fonctionnement.

 

Usages traditionnels de la plante

Ces deux composés n’expliquent pas à eux seuls l’ensemble des propriétés du ginkgo biloba. Non seulement neuroprotecteur, il est aussi veino-tonique, anti-oxydant, anti-inflammatoire, vaso-dilatateur. Il est recommandé pour améliorer les fonctions cognitives mais également dans les troubles circulatoires comme les hémorroïdes, les varices, les jambes lourdes.

Vous êtes étudiants et vous avez des examens importants avant noël ? Profitez des vertus de la phytothérapie de ginkgo en commençant une cure de trois semaines avant vos examens.

Attention : compte tenu de son activité antiagrégant plaquettaire, cette plante dispose des mêmes contre-indications que la reine des près.

 

Les valépotriates de la valériane : anxiolytiques

Phytothérapie de Valériane 


Un peu de chimie

Ces molécules dérivent elles aussi de la grande famille des terpènes. Composés de deux perles (deux isoprènes) et sous forme cyclique, les valépotriates sont des iridoïdes, tout comme les harpagosides d’Harpagophytum procumbens que vous connaissez peut-être !

 

Quelles actions ?

L’action anxiolytique et sédative de la valériane a été bien démontrée. Les valépotriates semblent se lier aux récepteurs de l’acide gamma-aminobutyrique (GABA) qui induit la relaxation puis le sommeil, comme le fond les benzodiazépines. Isolés, ces composés ne présentent pourtant aucun effet. Et si notre organisme utilisait les produits de la dégradation des valépotriates pour synthétiser d’autres substances actives ? C’est une hypothèse qui est à l’étude.

Bien que la valériane soit largement étudiée, son mode d’action reste finalement encore bien mystérieux.

 

Usages traditionnels de la plante

La phytothérapie de valériane, Valeriana officinalis, est très adaptée pour les personnes souffrant de nervosité et d’agitation accompagnés de troubles du sommeil. Elle améliore la qualité du sommeil, en particulier celle du sommeil léger. Elle est aussi recommandée dans le sevrage tabagique. Dans ce cas, prévoyez une cure de 21 j à renouveler deux fois pour un accompagnement de trois mois au total. Dans un peu d’eau, deux fois par jour et en dehors des repas, mélangez 10 gouttes de trois extraits hydro-alcoolique de plantes : valériane, avoine et pavot de Californie.

A savoir : chez les hyperactifs elle semble provoquer l’effet inverse en exacerbant les angoisses. Elle est donc plutôt à réserver aux sujets qui manquent de tonus et de volonté. Par ailleurs à forte dose la valériane provoque un effet hypnotique comme celui des somnifères.

Attention : l’usage de la valériane est à limiter dans le temps et elle ne doit pas être surdosée. Nous l’éviterons également chez la femme enceinte et allaitante, ainsi que chez les enfants et les adolescents.

 

A travers ces 4 exemples, la science nous prouve par la présence de ces molécules, les bienfaits des plantes que nous connaissons déjà grâce aux savoirs empiriques. Une connexion de l’Homme à la Nature présente depuis des centaines d’années que la science vient valider depuis seulement un siècle. Dans un monde où nous voulons tout comprendre et maîtriser, il est parfois inconfortable de se dire que nous ne pouvons pas tout expliquer et rationaliser. L’usage des plantes médicinales est un équilibre entre sciences et usages traditionnels. Les plantes ont leur part de mystère et bien que nous ne puissions pas tout prouver scientifiquement, l’important n’est-il pas qu’elles soient efficaces ?

Claire Mison, praticienne en Herboristerie traditionnelle

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