Les Astéracées nous soignent et nous nourrissent

Posté le28/06/2022

« Que ton alimentation soit ta première médecine ».

Même si aujourd’hui la paternité et la véracité de cet adage sont contestées, nous connaissons tous la plus célèbre des recommandations d’Hippocrate. Si les plantes nous soignent, elles constituent aussi la base de notre alimentation. D’après l’Organisation des Nations Unies, les végétaux représentent 80% des aliments que nous consommons. Saviez-vous que de nombreuses espèces de plantes ont une place aussi bien en cuisine qu’en phytothérapie ?

 

Le corpus hippocratique fait le lien entre l’alimentation et la santé

Durant l’antiquité, aux environs de 400 ans avant Jésus Christ, Hippocrate est un célèbre médecin Grec. Sa biographie fait débat et les histoires qui le concernent pourraient n’être que des légendes… il serait le descendant d’Asclépios, dieu de la médecine !

Selon le corpus hippocratique les aliments maintiennent l’équilibre entre les quatre humeurs et les quatre tempéraments qui en découlent. La diététique fait partie des mesures préventives afin de ne pas tomber malade.

 

Démonstration du lien alimentation-santé

Des siècles passent. Différents grands noms de la médecine s’intéressent à la nutrition comme élément déterminant de la santé. L’intuition est là, mais il faudra attendre le 19ème siècle pour que les observations cliniques soient étayées de preuves scientifiques avec des analyses chimiques.

Aujourd’hui les mécanismes de régulation du métabolisme sont mieux connus, de même que les rôles des nutriments. Les études épidémiologiques démontrent régulièrement le lien entre notre état de santé et notre alimentation.

 

Les Astéracées : une famille qui renferme autant d’atouts nutritionnels que médicinaux

Quoi de mieux pour illustrer la réflexion d’Hippocrate que nos plantes médicinales ?

Parce qu’il y a tellement à dire sur le sujet, j’ai choisi de me pencher du côté de la famille des Astéracées. Omniprésentes dans nos régions, elles nous exposent à relativement peu de danger et de toxicité.

 

Botanique : comment reconnaître la famille des Astéracées ?

Peut-être les connaissez-vous sous le terme Composées. Lorsque vous croyez contempler une fleur d’Astéracées, c’est en réalité un bouquet de fleurs qui se tient devant vous.

L’inflorescence est constituée de minuscules fleurs groupées en capitules, donnant l’illusion d’une grande fleur.

Les fleurs peuvent être ligulées (les pétales sont soudés pour former une languette) ou tubuleuses (les pétales sont soudés en tube). Selon la nature des fleurs, il sera possible de distinguer 3 types de capitule :

-          Liguliflore : composé uniquement de fleurs ligulées, comme le pissenlit

-          Tubuliflore : composé uniquement de fleurs tubuleuses, comme le bleuet

-          Radié : le capitule dispose en son centre des fleurs tubuleuses, et sur le pourtour des fleurs ligulées, comme la pâquerette

 

Intérêts nutritionnels des Astéracées

Nous avons l’habitude de les trouver sur les étals des primeurs. Batavia, feuille de chêne, endive, scarole ou encore frisée proviennent de cette famille.

De nombreuses autres espèces comestibles sont disponibles dans la nature. Dans les feuilles de salades sauvages de cette famille se trouvent des principes amers, les lactones sesquiterpéniques, qui favorisent l’assimilation des nutriments. Nous avons tort de grimacer à l’idée de cette saveur amère ! En nous faisant saliver, elle incite notre foie, notre estomac et notre pancréas à produire les sucs digestifs. Elles seront à consommer au tout début du repas.

Dans les racines, nous retrouvons un autre composé intéressant, l’inuline. Tout comme l’amidon, l’inuline est un polysaccharide de réserve produit et stocké par la plante. Une fois dans le tube digestif, elle nourrit le microbiote et améliore notre santé intestinale.

 

Le bleuet – Centaurea cyanus

Phytothérapie de Bleuet


Le bleuet est une plante annuelle qui se rencontre dans les champs de céréales sur sols plutôt limoneux ou sablonneux. Cette adventice accompagne nos cultures depuis le Néolithique ! Devenue rare en milieu naturel, vous pourrez la planter au jardin pour profiter de ses bienfaits.

Ses capitules sont tubulés, à fleurs bleues qui sont sources d’anthocyanes, de flavonoïdes et de vitamine C. Un cocktail d’antioxydants !

 

Idée de cuisine sauvage : ajouter de la couleur dans l’assiette

Les fleurs de bleuet décorent à merveille nos repas. Elles se cueillent avec les doigts, en prenant soin de ne pas abimer la plante et de laisser leur part aux butineurs.

Du milieu du printemps au début de l’été, égaillez salades vertes, salades de fruits, panna cotta et autres desserts avec un mélange de fleurs fraîches de bleuet, de mauve et de pétales de coquelicot.

Pour un apéritif bariolé et rafraîchissant, hachez cinq feuilles de menthe, des fleurs de bleuet puis mélangez avec 100 gr de fromage frais de brebis. Salez, poivrez, et tartinez sur une tranche de pain grillé. Vous le savez sans doute, nous mangeons aussi avec les yeux !

 

Idée de soin en phytothérapie : l’extrait hydro-alcoolique pour accompagner la toux grasse

Anti-inflammatoire et expectorant, l’extrait hydro-alcoolique de plantes fraîches de bleuets peut s’utiliser lors d’affections respiratoires, en particulier pour les toux grasses. Dans ce cas, diluez matin et soir 15 gouttes dans un peu d’eau que vous prendrez en dehors des repas pendant 7 jours.

 

La Grande Bardane – Arctium lappa

Phytothérapie de Grande Bardane Bio


La bardane ou grande bardane est une plante médicinale comestible que vous rencontrerez au bord des chemins, des berges et des terrains vagues. En Asie elle se cultive à des fins alimentaires.

Les feuilles de la première année sont comestibles cuisinées comme légume feuille. Les fleurs sont toutes tubulées roses ou mauves.

 

Idée de cuisine sauvage : une poêlée d’automne

La bardane est bisannuelle. La racine se récolte donc à l’automne de la première année. Pour cela, repérez les grandes feuilles en touffes denses. Elles sont en forme de cœur, duveteuses, et blanches en dessous. Coupez les feuilles (vous pouvez les conserver pour une tarte) et utilisez une bèche à bord plat ou une fourche pour déterrer la racine.

Lavez et coupez les racines de 5 bardanes en tronçon d’un centimètre. Faites-les revenir quelques minutes dans de l’huile d’olive et du sel. Ajoutez une belle poignée de champignons et continuez à faire rissoler. Le goût de la racine rappelle celui de l’artichaut. Très riche en inuline, n’en consommez pas trop d’un coup au risque de perturber votre microbiote ! Servez la poêlée avec de la salade verte et une purée de pomme de terre.

 

Idée de soin en phytothérapie : le macérât huileux pour soulager le prurit

Faites sécher 10 jours la racine coupée avant de la recouvrir d’huile d’olive certifiée biologique. Laissez macérer pendant 21 jours, puis filtrer. Antiseptique, vulnéraire et drainant, ce macérât huileux s’utilisera sur une peau propre et sèche dans le traitement de dermatoses, avec une application par jour pendant 3 semaines.

Ce soin cutané pourra être complété en interne par 15 gouttes d’extrait hydro-alcoolique de plantes fraîches de bardane que l’on prendra matin et soir en dehors des repas, diluées dans un peu d’eau. Si besoin, cette cure sera renouvelée après une semaine d’arrêt. Dépurative et détoxifiante du foie et de la peau, la bardane agit favorablement sur les affections cutanées par voie interne.

 

La chicorée – Cichorium intybus

Vivace ou bisannuelle, elle se trouve dans les prés et les bords de routes ensoleillées. Fleurs, feuilles et racines sont comestibles. Les feuilles sont profondément découpées et les capitules à fleurs bleues ligulées.

 

Idée de cuisine sauvage : la salade détox de printemps

Les jeunes feuilles comptent parmi des salades sauvages les plus prisées avec le pissenlit Taraxacum officinalis. Au printemps, prélevez les jeunes feuilles du centre des rosettes de chicorée et de pissenlit. Ces feuilles diurétiques et dépuratives participeront au nettoyage des reins et du foie, en plus de l’effet tonique-amer.

Si besoin, effectuez un repérage au moment de la floraison (printemps pour le pissenlit, été pour la chicorée) pour réaliser votre cueillette l’année suivante.

Lavez les feuilles en les faisant tremper dans de l’eau froide additionnée d’un peu de vinaigre blanc. Rincez à l’eau claire et essorez après une dizaine de minutes. Servez cette salade avec des œufs pochés, des lardons, des croutons à l’ail et une vinaigrette.

 

Idée de soin en phytothérapie : l’élixir floral pour ne plus être possessif

L’élixir floral de chicorée sera idéal lors d’état de préoccupation, d’inquiétude excessive pour autrui lorsque c’est la possessivité qui nous guide. Il permet un amour généreux et inconditionnel moins étouffant pour l’autre, plus respectueux. Si vous avez tendance à surprotéger un proche (enfant, adolescent, conjoint) en vous mêlant de tout ce qui le concerne, 3 gouttes 3 fois par jour en dehors des repas directement sous la langue pourront vous aider à lâcher prise. Vous pouvez commencer par une cure de 3 semaines, à renouveler si nécessaire après une semaine d’arrêt.

 

Plus la plante se rapproche d’un état sauvage, plus la densité nutritionnelle sera intéressante. Le lien avec une terre vivante la nourrit, et nous sommes ensuite nourrit par elle à notre tour. Toutes les plantes gardent en commun diversité et richesse en vitamines, minéraux, oligo-éléments mais aussi en glucides, lipides et protéines. D’autres familles de plantes possèdent des espèces à la fois médicinales et comestibles. C’est le cas des Rosacées, des Apiacées ou encore des Malvacées. Vous-êtes prêts pour partir glaner votre repas ?

 

Claire Mison, praticienne en Herboristerie traditionnelle

 

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