Interview de Julien Kaibeck, fondateur de l’association Slow Cosmétique

Posté le04/11/2021

Julien Kaibeck, fondateur de Slow cosmétique


Bonjour Julien, vous êtes le fondateur de l’association Slow Cosmétique, pouvez-vous vous présenter ?

Issu d’une formation en cosmétologie, j’ai travaillé de nombreuses années dans la cosmétique « conventionnelle ». Dans les années 2000, je me suis formé à l’aromathérapie et en 2012 j’ai écrit un livre (Adoptez la Slow Cosmétique), qui a posé les bases du mouvement Slow Cosmétique®. De ce livre à succès a découlé la création de l’Association et d’un label, et en 2015, une start-up de Roubaix est devenue partenaire du mouvement, en créant la Marketplace Slow-cosmetique.com qui rassemble les artisans labellisés par l’Association pour qu’ils vendent leurs produits en direct, tous au même endroit.


Qu’est-ce que l’Association Slow Cosmétique ? Quels sont ses engagements ?

C’est une association de consommateurs, sans but lucratif, dont l’objet social est de valoriser une consommation plus sensée des cosmétiques. L’Association effectue ce travail via des campagnes militantes menées auprès du public et des médias, mais aussi en remettant un label aux marques engagées selon les valeurs de notre Charte. Cette Charte repose sur 4 piliers complémentaires, pour une cosmétique à la fois écologique, saine, intelligente et raisonnable.


Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous engager dans la Slow Cosmétique et de fonder cette association ?

Durant ma carrière dans le monde de l’esthétique conventionnelle, j’ai été de plus en plus choqué par le fossé qui existe entre les promesses des marques (anti-âge, luxe, effet immédiat, etc.) et la réalité souvent décevante de leurs formules. J’ai alors voulu expliquer autour de moi ces mirages marketing destinés à nous faire acheter toujours plus au nom d’une perfection inatteignable, et j’ai posé les bases de la Slow Cosmétique dans mon premier livre en écho à la démarche de l’association Slow Food®, qui proposait déjà depuis les années 1980 de privilégier une alimentation plus simple et qualitative, en circuit court. Le succès du livre a suscité une émulation au sein d’un groupe de blogueurs et c’est ainsi que l’idée d’une association est née.


Quels sont pour vous les objectifs de l’association sur du long terme ?

L’Association détient et protège les termes Slow Cosmétique® afin de garantir à tous les artisans, bénévoles et soutiens divers du mouvement que celui-ci conservera sa richesse (via ses 4 piliers interdépendants) et son intégrité dans le temps. Notre objectif avec cette association est d’incarner la cosmétique engagée, artisanale et sensée que l’on veut pour demain. Car le virage « vert » de la cosmétique est entamé depuis déjà de nombreuses années et reproduit malheureusement les mêmes travers que la cosmétique conventionnelle : multiplication artificielle de gammes quasi-identiques, valorisation d’actifs naturels « stars » noyés dans des matières premières à bas prix, segmentation prix parfois arbitrairement élevée, etc. L’Association veut garantir à travers son label Slow Cosmétique un engagement global de la part des marques, du sourcing à l’actionnariat en passant par les formules et les méthodes de fabrication. Nous voulons que ce label soit un repère de choix pour les consommateurs qui veulent une cosmétique vraiment sensée.


Combien de marques sont aujourd’hui labellisées Slow-cosmétique ?

Le nombre change chaque saison avec la labellisation de nouvelles marques mais à l’automne 2021, il y a 289 labellisés Slow Cosmétique dans 14 pays différents.


Comment peut-on les reconnaître ?

Elles partagent toutes nos valeurs et notre Label, et son listées sur le site de l’Association : Slow-cosmetique.org. La majorité d’entre elles ont également une boutique sur la Marketplace.

Label Slow Cosmétique


Comment une marque peut-elle obtenir le label Slow cosmétique ?

La méthodologie précise est expliquée sur le site de l’Association, mais dans les grandes lignes, il suffit à la marque de contacter l’Association pour demander à être examinée. Une vérification préalable est effectuée par le bureau de l’Association pour repérer d’éventuels éléments bloquants (ingrédients pétrochimiques ou polémiques, concept ou marketing trop éloignés de la Charte…) et si la marque a ses chances, elle peut ouvrir un dossier de candidature. Tout se fait en ligne et à distance et c’est un jury bénévole mêlant experts du décryptage INCI et public qui évalue la marque dans son ensemble. Le bureau de l’Association effectue ensuite une modération et remet ou non le Label.


J’ai récemment vu votre
analyse sur les produits cosmétiques dits « de luxe » qui contiennent visiblement tous des ingrédients pétrochimique et/ou plastique versus votre campagne présentant les produits Slow Cosmétique comme des produits à très forte valeur ajoutée. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?

Notre Association a en effet mené récemment une grande campagne dénonçant les mirages du segment « luxe » en beauté, si souvent décevant du point de vue des ingrédients utilisés. Avec des crèmes allant parfois jusqu’à 300€ le pot, on s’attend à 100 % d’ingrédients exceptionnels dans la formule, or les rares ingrédients « luxueux » sont toujours noyés dans une majorité de matières pétrochimiques, inertes et même mêlées à des ingrédients polémiques pour la santé. Face à cette incohérence d’un « luxe » qui nous semble bien décevant, notre Association a choisi de montrer que pour 3 produits de « luxe » de grande marque, il existait des alternatives labellisées Slow Cosmétique vraiment proches en termes d’effets et de sensorialité. Ces produits sont éco-conçus par des artisans engagés et bien sûr leur prix est bien plus accessible !


Grâce à la prise de conscience générale des problèmes environnementaux et à l’engouement et l’envie de prendre soin de soi avec des produits naturels et bio, pensez-vous que toutes les marques vont plus ou moins devoir repenser leurs produits et leurs concepts de fabrication pour se rapprocher un maximum de cette tendance ?

Bien sûr, la tendance est déjà amorcée dans tous les grands groupes et dans le monde entier, ce n’est qu’une question de temps avant que toutes les marques passent au « vert ». Mais le feront-elles toutes de façon globale, responsable et sensée ? Assurément pas, car l’intérêt financier des plus grandes d’entre elles prime toujours, et la croissance reste le seul modèle acceptable pour des actionnaires. Or cette logique-là n’est pas celle de la Slow Cosmétique, donc nos chemins seront toujours amenés à rester séparés.


Que diriez-vous à nos consommateurs et aux marques pour les aider à franchir le pas de la Slow Cosmétique ?

Aux marques, je dirais « Pensez global, pensez à chaque aspect de votre engagement pour qu’ils soient tous cohérents et alignés avec les valeurs écoresponsables que vous visez. S’engager un peu ne suffit pas pour réussir dans la cosmétique naturelle, il faut de l’honnêteté, de la transparence et de la cohérence dans chaque aspect de la marque. »

Et au public, je conseillerais simplement d’être consom’acteur et de choisir en conscience les marques et donc les modèles qu’on veut soutenir. Chaque achat est un vote pour un modèle ou un autre, donc appuyez-vous sur les repères fiables qui existent (labels bio et Slow Cosmétique), apprenez quelques astuces de décryptage pour reconnaître les fausses promesses, et choisissez des produits qui ont du sens, en restant raisonnable. C’est le premier pas vers une consommation plus juste et plus durable.

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