Témoignages de nos cueilleurs

Posté le07/10/2021

Chaque année Benoît Articlaux (Directeur Général) et Céline Bouyssonie (Responsable de la marque) se rassemblent avec nos trois cueilleurs, Suzanne Cambau, Thomas Echantillac et Catherine Castille pour échanger ensemble sur les récoltes de l'année qui vient de s'écouler. Ils partagent ainsi leurs anecdotes et leur passion des plantes. Autour d’un bon repas, nous en avons profité pour échanger avec eux en toute simplicité.

De gauche à droite : Benoît Articlaux, Suzanne Cambau, Thomas Echantillac et Catherine Castille

 

Quels ont été vos temps forts et vos moments préférés de cette année ?

Thomas : Pour ma part il y a une plante que je n’avais encore jamais cueillie et qui m’a beaucoup plu : la jeune pousse de gui. Je pensais que cette cueillette allait être difficile mais c’était en fait très agréable. C’était en pleine saison, il faisait beau et j’étais perché dans un arbre avec une vue au-dessus d’une rivière. J’ai pris beaucoup de plaisir.

Suzanne : Pour moi toutes les cueillettes sont spéciales et ont quelque chose de particulier. Mais si on parle des premières fois, pour moi cette année c’était la cueillette du Mélèze. C’était dans une parcelle cultivée dans le Haut Dourdou, il y avait des bourgeons de partout qui se reflétaient dans la lumière hivernale rasante c’était absolument magnifique.

Céline : C’est marrant finalement pour vous deux, ce qui vous a le plus marqué c’est la gemmothérapie.

Suzanne : C’est vrai. La gemmothérapie c’est très spécial. On cueille des tous petits bourgeons, on fait très attention à l’arbre… c’est différent des teintures mères.

Céline : Oui bien sûr. Et toi Catherine qu’est-ce qui t’a le plus marqué ?

Catherine : La cueillette de Trèfles d’eau, que j’adore c’est vraiment une très belle plante. Sous un ciel bleu et dans un endroit idyllique.

Céline : Et en dehors de la cueillette, est-ce qu’il y a des moments qui vous ont marqués ? Vous n’avez pas fait tomber de bonbonnes pleines de plantes en train de macérer ?

Suzanne : Heureusement non. Par contre j’en ai cassé une en la nettoyant. Le point positif c’est qu’elle était vide mais je me suis coupée le doigts et j’ai eu 12 points de suture. Et encore j’ai eu de la chance, ça n’a touché qu’un doigt. Les risques du métier ! (Tout le monde rigole)

 

Réalisez-vous plutôt de la cueillette sauvage ou avez-vous vos propres cultures ?

Catherine : Personnellement je fais plutôt de la cueillette sauvage mais locale. J’ai à peu près 300 plantes autour de chez moi. Ecologiquement c’est un pur bonheur. Car s’il faut prendre la voiture pour aller cueillir c’est une tout autre histoire ! Déjà le temps passé sur la route mais surtout l’impact environnemental n’est pas du tout le même. A un moment donné on manquait d’espace autour alors on a racheté un petit bout de terrain au voisin pour mettre notamment du cassissier. On a déplacé la clôture, encore et encore et maintenant, j’ai la chance d’avoir une grande diversité sur 1,2 hectares de terrain. Ici dans la Saône-et-Loire on a de la terre argileuse, qui garde l’eau et qui est très difficile à travailler, surtout lorsqu’elle sèche. Je rêve d’une terre sablonneuse. C’est pour ça, quand je vais faire des cueillettes de bord de mer, j’adore : le Fucus vesiculosus (Fucus vésiculeux) et la Chrithmum maritimum (Criste marine). Ça me rappelle mon quotidien quand j’étais plus jeune. Jusqu’à mes 18 ans j’ai vécu au bord de la mer, à Calais avec les falaises et le vent marin. Et je pense qu’en vieillissant on se rapproche de ses racines. Alors à chaque fois que je vais cueillir en bord de mer, je prends un plaisir fou.

Thomas : Jusqu’à présent pour moi c’est exclusivement de la cueillette sauvage donc bien sûr j’apprécie beaucoup. Et là comme je viens d’acheter une ferme, je vais mettre en culture un certain nombre de plantes et découvrir la cueillette en culture, j’espère avec bonheur.

Suzanne : Pour moi cette année c’était presque moitié-moitié. J’aime bien les deux donc je suis contente que ça s’équilibre. C’est très différent et aléatoire selon les années donc il y a toujours plein de surprises.

 

Avez-vous réussi à trouver toutes les plantes que vous cherchiez et en quantité suffisante ?

Catherine : Ça dépend des années. Cette année à part la scutellaire j’ai tout trouvé. Il faut croire que ce n’était pas son année. J’ai cherché à plusieurs endroits mais sans succès.

Thomas : Il y a des plantes pour lesquelles il y a toujours plus de difficultés mais on finit toujours par en trouver. Par exemple la Petite Centaurée : j’ai dû faire un peu de route pour en trouver et finalement une fois que j’ai eu fini, je suis tombé par hasard sur une parcelle à côté de chez moi… Pareil pour le Cornouiller, je suis allé sur une station un peu plus loin en pensant qu’elle serait bien. Finalement c’était beaucoup plus compliqué que prévu et j’ai trouvé une station juste à côté de chez moi un peu après.

Suzanne : Pour moi cette année c’est la réglisse que je n’ai pas trouvée. C’est aussi un métier de compétition avec les autres cueilleurs. Ça m’est déjà arrivé de me retrouver devant un figuier où tout avait été récolté à hauteur d’homme.

Catherine : Ce qui est compliqué c’est quand tu récoltes depuis des années au même endroit, que tu en prends soin et que finalement, quelqu’un d’autre arrive et récolte tout n’importe comment sans ne rien laisser.

Thomas : Moi ça m’est arrivé pour le Thym. J’avais repéré un endroit la semaine d’avant, j’étais en contact avec le propriétaire mais finalement quelqu’un est passé quelques jours avant sans prévenir le propriétaire pour tout récolter.

Suzanne : Oui c’est ce qui m’est arrivé avec la réglisse. C’est surtout compliqué avec la gemmothérapie où les périodes de cueillette sont très courtes. Si on est pris au dépourvu et que l’on ne peut plus récolter où on pensait le faire, la cueillette risque de ne même pas pouvoir se faire. Le temps de trouver un autre endroit, il sera peut-être déjà trop tard. C’est la nature.

Benoît : C’est pour ça que les associations comme l’AFC sont intéressantes. Elles donnent quand même les règles de bonne conduite à respecter quand on fait de la cueillette. Mais il faut que tout le monde les respecte. En tout cas c’est tout de même un sacré métier.

 

Qu’est-ce qui vous anime le plus dans votre métier ? Quelle est la partie que vous préférez ?

Catherine : De toujours être en contact avec la nature, au rythme des saisons. C’est elle qui nous donne notre propre rythme et notre emploi du temps qu’on ne peut finalement jamais prévoir.

Thomas : Exactement, ça permet d’être remis à notre humble place d’être humain. Moi ce que je préfère c’est la diversité des taches et des plantes.

Suzanne : D’une année sur l’autre tout change, on ne peut pas prévoir. C’est la surprise à chaque fois.

Catherine : Et si on se dit qu’on a telle ou telle chose à faire pour le lendemain, en fonction de ce que la nature a décidé, on va dans une autre direction. En gardant bien sûr toujours en tête qu’il faudra faire ça plus tard. La période la plus stressante pour moi c’est vraiment la récolte des bourgeons au printemps. Il y a tout en même temps : les bourgeons, les jeunes pousses, les cultures, etc. A ce moment je ne suis disponible pour personne, sauf pour la nature. Car en temps normal, je suis pas mal sollicitée par des personnes qui souhaitent faire de la cueillette avec moi.

Thomas : Moi aussi il y a pas mal de personnes qui me contactent soit parce qu’elles cherchent un job d’appoint ou bien simplement parce qu’elles ont envie d’apprendre et de donner un coup de main. Mais dans tous les cas il y a une grosse partie « formation » car ce ne sont pas du tout des gens connaisseurs.

Suzanne : Parfois les personnes qui veulent venir ne se rendent pas vraiment compte de ce qu’est le métier. Elle pense qu’il s’agit davantage de flâner et de cueillir des jolies fleurs mais il y a aussi toute une expertise et un savoir-faire.

Catherine : Et il y a aussi une grosse partie de recherche de stations et de découvertes de nouvelles plantes, qui est hyper intéressante mais qui prend du temps.

Suzanne : C’est un métier qui nous conditionne un peu. Maintenant peu importe où on va, on regarde les plantes qui sont présentes.

Thomas : C’est vrai, à tel point que pour faire le vide dans mon esprit, maintenant je vais en ville ! J’ai un dépaysement important et ça me permet de déconnecter. Bon je n’y reste pas trop longtemps non plus. (Tout le monde rigole)

 

Qu’est ce qui a été le plus compliqué cette année ?

Suzanne : Il y a toujours une part de chance avec le temps. Cette année j’ai fini la récolte des bourgeons de figuier et 2 jours après il a gelé. Ouf !

Céline : Vous regardez souvent la météo ? Ou bien vous vous fiez toujours aux vieux dictons ? (Tout le monde rigole)

Suzanne : Non les dictons ça ne marche plus, la météo est devenue trop imprévisible. Il faut parfois même regarder plusieurs sources pour pouvoir avoir une estimation correcte.

Thomas : Moi cette année j’ai eu plus de mal avec la récolte du framboisier. Je le récolte à plus de 1000m d’altitude et comme il a fait très chaud fin mars puis très froid après, j’ai dû attendre longtemps avant de pouvoir faire la récolte. Ce sont les aléas de la cueillette, surtout avec les différences d’altitudes. Il y avait plus d’un mois d’écart entre là-haut et en plaines.

 

Si vous ne deviez retenir qu’une chose de votre relation avec le laboratoire Herbiolys, qu’est-ce que ce serait ?

Suzanne : C’est difficile de tout résumer en une seule chose… La confiance !

Catherine : Une aventure enrichissante. Une BELLE aventure !

Thomas : On avance ensemble. On est là l’un pour l’autre.

 

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