Des racines et des maux

Les racines, ces organes souterrains invisibles et pourtant puissants, constituent le lien direct entre la plante et le sol, absorbant les éléments vitaux pour sa croissance. Elles offrent également de nombreux bienfaits pour la santé humaine et se retrouvent dans de multiples pratiques traditionnelles.

Les racines, un organe clé dans l’évolution du monde végétal

Elles sont apparues il y a environ 360 à 400 millions d'années, durant le Dévonien. Elles marquent l'apparition des plantes vasculaires, avec les ptéridophytes (comme les lycopodinées, les filicinées et les équisétinées). Elles ont permis à ces dernières de s'ancrer solidement dans le sol et d'absorber plus efficacement l'eau et les nutriments, facilitant ainsi la colonisation d'une grande diversité de milieux, des zones arides aux régions humides. Grâce à elles, les végétaux ont profondément modifié les écosystèmes terrestres en fracturant les roches, en transformant la composition des sols et en établissant des cycles d'échanges chimiques essentiels, comme ceux du phosphore et de l'azote. Cela a façonné les écosystèmes tels que nous les connaissons aujourd’hui. La capacité des racines à collaborer est remarquable : elles forment des symbioses avec des champignons, créant des mycorhizes. Elles partagent sucre, eau et informations, prouvant que, même sous terre, la solidarité est une clé pour la survie !

Santé digestive

Les racines occupent une place de choix pour obtenir une digestion saine. La chicorée (Cichorium intybus) se distingue par sa haute teneur en inuline, un prébiotique naturel. Cette fibre soluble favorise la croissance des bonnes bactéries dans l’intestin, améliorant ainsi la digestion et la santé du microbiote intestinal. Elle régule le transit et prévient les ballonnements, rendant ses racines particulièrement utiles en cas de troubles intestinaux chroniques. Le pissenlit (Taraxacum officinale), souvent négligé, possède une racine amère aux vertus dépuratives. Il stimule la production de bile, facilitant ainsi la digestion des graisses et aidant à l'élimination des toxines du corps.

Acore vrai – (Acorus calamus)

L’acore est une racine moins connue mais dotée de propriétés digestives intéressantes. Utilisé traditionnellement dans la médecine ayurvédique et chinoise, il est réputé pour ses effets stimulants sur le système digestif. Sa racine contient des composés aromatiques aux effets carminatifs soulageant gaz et ballonnements.

Radis noir – (Raphanus sativus niger)

Le radis noir est particulièrement apprécié pour ses propriétés digestives et détoxifiantes. Sa racine est riche en composés soufrés qui favorisent la production de bile et améliorent la digestion. Elle possède également des vertus diurétiques, aidant à éliminer les toxines du corps par les reins. Le radis noir est souvent utilisé pour stimuler la fonction hépatique et soutenir la détoxification.

Pour accompagner les troubles digestifs après un repas copieux, associer les extraits hydro-alcooliques d’acore et radis noir. Pendant 3 jours, prendre 15 gouttes de chaque extrait, matin et soir, dans un peu d’eau, en dehors des repas.

Radis noir (Raphanus sativus niger)

Gestion de l’eau et des toxines

Les racines jouent également un rôle essentiel dans la gestion de l'eau et des toxines dans le corps.

Asperge – (Asparagus officinalis)

Souvent associée à des propriétés diurétiques, la racine d’asperge aide à stimuler la fonction rénale et à favoriser l'élimination des excès de liquide. Elle soutient la détoxification en facilitant l'élimination des déchets par l'urine tout en apportant des minéraux bénéfiques (folates, fer, vitamine K).

Renouée des oiseaux – (Polygonum aviculare)

Elle est réputée pour ses effets diurétiques et détoxifiants. Traditionnellement, la renouée des oiseaux est utilisée pour favoriser l'élimination des liquides et réduire les engorgements. Elle possède également des propriétés anti-oxydantes.

Patience à feuilles obtuses – (Rumex obtusifolius)

La racine de patience est reconnue pour ses propriétés dépuratives. Elle contribue au nettoyage en soutenant les fonctions hépatiques et rénales, facilitant l’élimination des toxines du corps et améliorant la gestion des liquides.

Mahonie Houx – (Mahonia aquifolium/Berberis aquifolium)

Connue pour ses propriétés diurétiques, la mahonie houx accompagnera les rhumatismes et préviendra la survenue des calculs rénaux. Sa racine stimule la production d’urine, facilitant l’élimination des toxines. Au XIXe et début du XXe siècle, elle était recommandée pour ses effets dépuratifs et toniques ; elle est aussi utilisée pour accompagner la digestion et les affections cutanées.

Pour améliorer la gestion de l'eau et l’élimination des toxines, il est possible d’associer les extraits hydro-alcooliques d’asperge, de renouée des oiseaux et de patience à feuilles obtuses. Pendant 21 jours, prendre 15 gouttes de chaque extrait, matin et soir, dans un peu d’eau, en dehors des repas. Renouveler après 7 jours d’arrêt si nécessaire.

Immunité

Certaines racines sont particulièrement reconnues pour leur capacité à renforcer les défenses immunitaires naturelles. Celle d’échinacée pourpre (Echinacea purpurea), par exemple, est célèbre pour stimuler l’immunité en activant les macrophages, ces cellules qui "dévorent" les envahisseurs étrangers dans notre corps. Elle est souvent utilisée en prévention des infections respiratoires hivernales, mais aussi en traitement pour raccourcir la durée des symptômes. La réglisse (Glycyrrhiza glabra) est une autre racine polyvalente jouant un rôle dans l’immunité grâce à ses effets antiviraux et anti-inflammatoires. Sa capacité à stimuler la production de cytokines, ces messagers qui dirigent la réponse immunitaire, en fait une plante intéressante en cas d'infections virales ou de maladies inflammatoires chroniques.

Echinacée pourpre (Echinacea purpurea)

Cardère – (Dipsacus fullonum)

La racine de cardère est également précieuse pour soutenir l’immunité lors d’infection. En effet, elle participe à la stimulation et au soutien des organes d’épuration que sont le foie et les reins. Elle est particulièrement recommandée pour l'élimination des neurotoxines dues aux infections bactériennes, telle que la maladie de Lyme. En favorisant la détoxification et en soutenant la fonction hépatique, la cardère améliore la réponse immunitaire du corps en réduisant la charge toxique et en facilitant la lutte contre les agents pathogènes.

Pour soutenir l’immunité et prévenir les infections hivernales, pourquoi ne pas associer l’échinacée pourpre, la vitamine C et l’extrait de pépins de pamplemousse ?

Prendre 15 gouttes, matin et soir d’extrait hydro-alcoolique d’échinacée, pendant 21 jours, dans un peu d’eau, en dehors des repas. Renouveler si nécessaire, après 7 jours de pause.

La vitamine C contribue à un métabolisme énergétique normal et au bon fonctionnement du système immunitaire. Elle protège également contre les effets du stress oxydatif. L’extrait de pépins de pamplemousse offre une action antimicrobienne complémentaire. Ces trois produits agissent en synergie pour optimiser la prévention des infections hivernales.

Système nerveux

Certaines racines sont particulièrement efficaces pour apaiser le système nerveux, notamment lors de périodes de stress. La valériane (Valeriana officinalis) est bien connue pour ses propriétés sédatives naturelles, favorisant le sommeil et réduisant l’anxiété en modulant le neurotransmetteur GABA. Elle est donc recommandée en cas de nervosité ou d’insomnie.

Valériane (Valeriana officinalis)

L’angélique (Angelica archangelica), quant à elle, apaise et stimule doucement le système nerveux, aidant à mieux gérer la fatigue mentale due au stress.

La centranthe rouge – (Centranthus ruber)

La centranthe rouge se distingue par ses effets relaxants et antispasmodiques. C'est une excellente alternative à la valériane pour calmer l'anxiété et limiter les insomnies. En herboristerie, elle est utilisée pour réduire les tensions nerveuses.

Pour favoriser la gestion du stress et améliorer le sommeil, il est possible d’associer les extraits hydro-alcooliques d’angélique, de valériane, et de centranthe rouge. Pendant 21 jours, prendre 15 gouttes d’extrait de chaque plante, matin et soir, dans un peu d’eau, en dehors des repas. Cette combinaison apaisera le système nerveux, améliorera la concentration en journée et favorisera un sommeil réparateur le soir. Si nécessaire, il est possible de renouveler la cure après 7 jours d’arrêt.

Angélique (Angelica archangelica)

Quelques racines d’ailleurs

L'ashwagandha – (Withania somnifera)

Originaire d’Inde, l’ashwagandha est utilisée en médecine ayurvédique comme adaptogène. En provoquant une sensation de bien-être général, elle permet au corps de se défendre contre les effets du stress. Cette racine renforce aussi les capacités cognitives et la mémoire. Des études récentes mettent en lumière son potentiel à améliorer la résistance physique et mentale, en plus de ses effets bénéfiques sur la qualité du sommeil. Contrairement aux sédatifs conventionnels, l’ashwagandha apaise sans provoquer de somnolence excessive, ce qui en fait une option douce mais efficace pour accompagner les personnes souffrant d'anxiété ou d'insomnie.

Le kudzu – (Pueraria lobata)

Cette plante grimpante, originaire de Chine et du Japon, a une longue histoire d’utilisation dans la médecine traditionnelle asiatique. Sa racine est reconnue pour ses propriétés anti-addiction, en particulier pour réduire la consommation d'alcool. Les isoflavones contenues dans le kudzu agissent sur le système nerveux central, favorisant le sevrage et diminuant les effets de la dépendance. En plus de cette fonction, la racine de kudzu est utilisée pour ses effets anti-inflammatoires et antioxydants, qui soutiennent la santé cardiovasculaire et aident à réduire les migraines et les douleurs musculaires. Ces propriétés en font une racine aux multiples bienfaits, encore peu connue dans la phytothérapie occidentale.

En raison de sa capacité à s'étendre rapidement en tant que liane grimpante, la variété de kudzu Pueraria montana var. lobata est inscrite sur la liste annexe de l'Arrêté du 14 février 2018 relatif aux espèces végétales exotiques envahissantes en France métropolitaine.

Les racines offrent une richesse de bienfaits pour la santé. Que ce soit pour améliorer la digestion, renforcer l’immunité ou apaiser le système nerveux, elles sont des alliées précieuses. Cependant, il est important de rappeler que les informations partagées ici ne remplacent en aucun cas les diagnostics et conseils d’un professionnel de santé. Avant d’entreprendre toute pratique d’automédication, un spécialiste doit être consulté, car certaines plantes peuvent interagir avec des médicaments ou être contre-indiquées selon les situations.

Claire Mison, praticienne en Herboristerie traditionnelle