Interview de Catherine Madure – Herboristerie Bio Pacifique
Nous vous proposons de découvrir notre interview de Catherine Madure, gérante de l’herboristerie Bio Pacifique à Papeete en Polynésie Française. Elle a accepté de nous partager son histoire, son quotidien et sa passion pour les plantes.
Bonjour Catherine, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Etes-vous originaire de Tahiti ?
Bonjour Sarah. Non, je suis arrivée en Polynésie française en 2016 avec mon compagnon. Il avait été détaché à Tahiti et nous nous étions donc installés ici pour 4 ans. A la fin du contrat de mon conjoint en 2020, alors que nous devions retourner en métropole, j’ai eu la possibilité de reprendre un magasin bio. Comme nous aimions beaucoup notre vie ici, j’ai saisi cette opportunité pour faire de ma passion pour les plantes mon métier. J’ai racheté le magasin en mai 2020 et je l’ai transformé en herboristerie.
Même si j’avais déjà suivi plusieurs formations sur les plantes, en présentiel ou en ligne cela a été l’occasion pour moi de me former encore plus en détails, notamment sur la phytothérapie et l’aromathérapie.
D’où vous vient cette passion pour les plantes ?
Elle me vient de ma grand-mère, qui m'a toujours parlé des bienfaits des plantes. Elle avait des livres entiers consacrées aux plantes pour en savoir plus et elle les utilisait beaucoup. C'est elle, Marcelle, qui m'a initié à la puissance bienfaitrice et lumineuse des plantes.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre herboristerie ? Comment s’est passé la reprise de ce magasin bio ?
Le magasin bio que j’ai repris était « un peu vieillot ». Avec mon compagnon nous avons tout refait à l’intérieur notamment la peinture, l’aménagement et la disposition des meubles (que nous avons gardé car ils étaient très beaux). Je voulais en faire un espace lumineux où l’énergie circule bien, c’était très important pour moi. D’ailleurs aujourd’hui, c’est le retour que j’ai de mes clients : ils se sentent bien dans le magasin. Ils apprécient l’aménagement, l’ambiance zen, l’odeur des plantes et la musique douce. Quand ils entrent, ils ont envie d’y rester.
Comment les locaux ont accueilli ce nouveau magasin ?
Les gens sont très contents d’avoir une herboristerie à Papeete. Au tout début, j’avais seulement quelques habitués du magasin qui représentaient la majorité de ma clientèle. Puis le bouche à oreille a très bien marché. En 5 ans, ma clientèle s’est beaucoup développée ; les clients ramènent leurs amis et leurs familles.
Où est-il situé exactement ?
Le magasin se situe dans le quartier du commerce, la zone piétonne de Papeete, c’est un quartier un peu plus tranquille, juste derrière le cœur animé de la ville, où les gens savent ce qu’ils viennent chercher. Il y a beaucoup de touristes mais ils ne consomment pas. Ma clientèle est à 90% des locaux, qui sont heureux de venir chercher le conseil et la possibilité de traiter leurs problèmes de santé au naturel, autrement qu’avec des médicaments qui peuvent parfois avoir des effets secondaires. Avec les plantes, ils ont le sentiment de mieux prendre soin de leur santé. Et avec le choix vaste des produits proposés, les gens sont très contents.
Quels types de produits proposez-vous dans votre herboristerie ?
Je propose des plantes sèches, pour faire des mélanges, cela représente environ un quart des produits de l’herboristerie. Un autre quart de mon espace de vente est dédié aux teintures mères avec les gammes phytothérapie et gemmothérapie, un autre à la micronutrition (le plus souvent sous forme de gélules) puis un dernier quart à l’aromathérapie avec les huiles essentielles. J’ai également une petite partie pour les cosmétiques naturels ou bio.
Proposez-vous des plantes qu’on ne retrouve qu’en Polynésie Française ?
Non pas du tout. Déjà parce que je ne connais pas bien les plantes locales et que je préfère privilégier des conseils de qualité avec des plantes que je connais bien, pour lesquelles je maitrise parfaitement les propriétés et les possibles contre-indications ; et ensuite parce que peu d’entre elles ont fait l’objet d’études sérieuses ; je ne me sens donc pas de les conseiller.
Comment avez-vous découvert Herbiolys ?
J’ai effectué des recherches au lancement de mon magasin, pour trouver des fournisseurs capables de proposer des produits de qualité, bio de préférence et avec une vraie expertise. Ce que j’ai apprécié chez vous c’est que vous faites les macérations directement sur les lieux de cueillette. Vous travaillez uniquement dans le domaine des plantes, vous n’êtes pas « éparpillé » et vous êtes spécialiste de votre secteur. Vous avez aussi un vaste catalogue, ce qui est non négligeable car toutes les plantes sont importantes dans la pharmacopée.
Par exemple, il n’y a pas si longtemps, un monsieur est venu me voir au magasin pour un problème d’excès de fer. J’ai pensé à la potentille tormentille mais je me suis dit que je n’allais jamais la trouver. Et puis j’ai vu que vous la proposiez au catalogue ! Avec cette large gamme, vous permettez vraiment de personnaliser le conseil car chaque plante a ses spécificités. Avec Herbiolys, j’ai donc la qualité et la possibilité de répondre à toutes les problématiques mêmes pointues ou particulières de mes clients.
Depuis combien de temps travaillez-vous avec la marque ?
J’ai intégré les produits Herbiolys dès la première année d’ouverture du magasin. J’ai commencé avec quelques références et au fur et à mesure j’ai vraiment élargi la gamme des extraits de plantes fraîches que je propose. Puis j’ai intégré la gemmothérapie et enfin les huiles bien-être. Les clients sont très contents des produits et ça leur convient bien.
Quelles plantes appréciez-vous particulièrement ou conseillez-vous le plus ?
Je conseille beaucoup vos extraits de plantes fraîches bio de prêle, d’ortie et de chardon-marie. Je conseille aussi beaucoup d’herbe aux goutteux. C’est un peu une particularité locale, car les polynésiens ont beaucoup de problèmes de goutte. Ensuite pour le sommeil, je conseille souvent le pavot de Californie, la passiflore ou la valériane. Et il y a bien sûr le cassissier, un incontournable !
Vos huiles bien-être de plantain et de romarin sont aussi très appréciées par mes clients.
Enfin, je vends régulièrement de la sève de bouleau. Même si je la mets davantage en avant quand je la reçois au mois de juin chaque année, 2 mois après sa récolte (le temps du transport), comme il n’y a pas de saison ici à la différence de la métropole, elle se vend bien toute l’année, pas seulement au printemps.
Je fais aussi des « Focus santé » sur la page Facebook de Bio Pacifique. Toutes les semaines, j’y présente un nouveau produit à ma communauté. J’ai 4800 personnes qui me suivent, ce qui est déjà pas mal à l’échelle de la Polynésie. A chaque post, j’ai au moins quelques clients qui viennent me voir pour acheter le produit présenté. Et comme je les sponsorise souvent, en plus de mes clients habituels, cela permet à des personnes qui ne me connaissaient pas de découvrir le magasin. Et le plus souvent, même si les personnes venaient simplement pour acheter le produit mis en avant, elles découvrent en même temps le magasin et repartent avec d’autres produits. Comme le bouche à oreille, ce focus santé m’a permis de beaucoup développer le magasin.
Quel est pour vous l’objectif principal de votre herboristerie ?
L’objectif est d’accompagner les gens dans la préservation ou la récupération d’une bonne santé, de façon naturelle. J’ai à cœur de faire connaitre et comprendre aux gens l’importance des plantes et tout ce qu’elles peuvent apporter en termes de nutrition ou de santé. C’est très plaisant de leur faire découvrir cet univers. Certains sont maintenant des convertis et auraient du mal à s’en passer aujourd’hui alors qu’avant, ils venaient plus par curiosité, pour tester, ou parce qu’ils avaient entendu parler d’une plante utilisée par une connaissance. Ce n’est pas « addictif », mais pour eux, c’est devenu un réel plaisir d’avoir leurs petites tisanes ou teintures mères pour les accompagner dans leur bien-être.
Quelles sont les spécificités de votre herboristerie ? Proposez-vous des services ou une expertise particulière ?
Je propose des consultations de naturopathie pour ceux qui le souhaite même si je n’en fais pas la promotion car je n’ai pas le temps. Je donne bien sûr des conseils en magasin mais je peux être amenée à faire des consultations de naturopathie sur des problématiques bien précises qui nécessitent d’être vraiment approfondies.
J’ai également un site web qui permet aux nouveaux arrivants de savoir qu’il y a une herboristerie à Papeete. Il y a beaucoup de nouvelles personnes qui arrivent chaque année au moins d’août et repartent en juillet. C’est lié aux contrats des militaires ou fonctionnaires qui, comme mon mari, sont détachés en Polynésie pour 2 ans renouvelable 1 fois. Cela représente plusieurs centaines de personnes chaque année. Et contrairement aux tahitiens, ils ont plus l’habitude de chercher sur internet des commerces. Je ne fais pas de ventes en ligne mais comme il y a beaucoup d’îles en Polynésie, lorsque les clients voient le magasin sur internet, ils m’appellent pour commander un produit et je leur envoie sur les différentes îles. Mais ce n’est pas un vrai site e-commerce comme on peut l’entendre.
J’ai beaucoup de demandes pour faire des ateliers dans le magasin mais j’ai fait le choix de ne pas en proposer. Je préfère me concentrer sur les journées au magasin, les consultations en naturopathie et la qualité de vie que je suis venue chercher ici.
À quoi ressemble une journée type dans votre herboristerie ?
Les jours ne se ressemblent pas. Mais en général, je ne vois pas passer la matinée car je passe au moins 10-15 min avec chaque client pour les conseils. Ensuite, en début d’après-midi c’est souvent un peu plus tranquille. J’ai du temps pour lire un livre, effectuer des recherches sur les plantes et passer mes commandes. Puis j’ai un pic vers la fin de journée à partir de 15h30-16h. Les samedis c’est plutôt stressant mais dans le sens positif. J’ai souvent beaucoup de clients qui attendent parfois 20 minutes ou plus pour avoir un conseil. Comme je suis toute seule, c’est stressant mais aussi « boostant » pour moi : j’essaie de trouver un bon équilibre entre choyer mes clients et prendre le temps de leur donner des conseils précis mais sans trop faire patienter les autres.
Avez-vous des projets d’évolution ?
J’envisage d’ouvrir une succursale à l’autre bout de l’île. Le problème est de trouver quelqu’un de confiance, suffisamment bien formé pour prodiguer des conseils car c’est vraiment ce que viennent chercher mes clients. Mais même quand je pars en vacances, mes clients n’aiment pas trop que je sois remplacée (même par une naturopathe), ils viennent chercher Mes conseils. C’est une relation de confiance qui s’est établit. Donc je ne sais pas si ce projet va vraiment se faire.
Merci Catherine.
Merci Sarah.