Mieux vivre le big-bang de l’adolescence

En quelques années, l’enfant devient adulte. Les changements hormonaux provoquent des métamorphoses physiques et influencent les émotions. La personnalité se construit pour devenir plus autonome. L’adolescent peut s’inquiéter de son apparence, éprouver des difficultés psychiques et des sentiments contradictoires. Tout ce bouleversement qui conduit à l’indépendance, rend l’adolescent fragile, vulnérable et influençable.

Entre les premiers signes et la fin de la puberté, environ quatre ans se seront écoulés pour les jeunes filles, six pour les jeunes hommes. Il est important de les soutenir dans cette longue et délicate période.

Que se passe-t-il à la puberté ?

La puberté est avant tout la période au cours de laquelle les organes sexuels deviennent matures.

Chez la jeune fille, cela commence entre 8 et 14 ans. Sous l’influence de l’hormone hypophysaire folliculostimulante (FSH) et de l’hormone lutéinisante (LH), les ovaires vont produire des œstrogènes. Les changements induits par cette sécrétion sont nombreux : développement de la poitrine, apparition de pilosité sur le pubis et sous les aisselles, croissance et élargissement du bassin, augmentation de la masse graisseuse des hanches et des seins.

Chez le jeune homme, cette étape commence entre 9 et 14 ans. L’hormone lutéinisante va stimuler la production de testostérone par les testicules. Les caractères sexuels secondaires masculins apparaissent : croissance musculaire et osseuse, épaississement de la peau (qui devient aussi plus grasse), élargissement du larynx (la voix devient plus grave), développement de la pilosité, croissance des organes génitaux (pénis, scrotum, prostate). L’apparition au cours du sommeil des thorarches, premières éjaculations, sont tout à fait normales dans cette tranche d’âge.

La puberté se termine avec l’arrêt de la croissance osseuse quand la quantité d’hormones sexuelles est devenue trop importante. La taille définitive est atteinte en général à l'âge de 16 ans pour les jeunes filles, 18 ans pour les jeunes hommes.

Accompagner la puberté chez les jeunes filles

Les ménarches, nom donné aux premières règles, apparaissent en moyenne aux alentours de 13 ans. Les règles peuvent être irrégulières au début, l’acquisition d’un cycle menstruel stable peut prendre jusqu’à 5 ans. Il est possible d’accompagner cette phase avec la phytothérapie et la gemmothérapie.

La phytothérapie d’alchémille commune (Alchemilla vulgaris)

Quel que soit le trouble menstruel, l’alchémille commune en compose le remède. En régulant les hormones et en renforçant les tissus conjonctifs, elle induit l’harmonie du cycle.

La gemmothérapie de framboisier (Rubus idaeus)

Tonifiant et antispasmodique utérin, le bourgeon de framboisier est aussi un remède indispensable aux troubles du cycle. Il stimule la fonction ovarienne et limite les retards de règles. Il soulage également le syndrome pré-menstruel et les règles douloureuses.

Pour aider une jeune fille à obtenir un cycle menstruel régulier, proposer chaque mois pendant 21 jours 10 gouttes d’extrait hydro-alcoolique d’alchémille commune et 5 gouttes de gemmothérapie sans alcool de framboisier. Elles seront à prendre matin et soir dans un fond d’eau en dehors des repas. Commencer par une cure de 3 mois.

S’occuper de la peau

L’acné est une dermatose fréquente chez l’adolescent. Les hormones androgènes provoquent une hypersécrétion de sébum et une hyperkéritinisation. La peau est plus grasse et plus épaisse : le sébum se retrouve piégé dans les follicules pileux.

Il est indispensable d’éviter l’auto-manipulation des lésions acnéiques ; cela peut générer une surinfection et des cicatrices. Pour les jeunes hommes, le rasoir électrique sera privilégié.

En cas d’exposition au soleil, protéger la peau pour ne pas subir d’effet rebond. Les rayons du soleil ont bien un effet positif à court terme, mais ils conduisent à un épaississement de la peau qui entraînera une nouvelle poussée.

Phyto et gemmo par voie interne

La Pensée sauvage (Viola tricolor)

Cette grande dépurative de la peau est aussi anti-infectieuse et anti-inflammatoire. Une alliance parfaite d’actions !

La Bardane (Arctium lappa)

Grande plante de la peau, elle est indiquée dans le traitement des dermatoses pour son action anti-infectieuse, dépurative et anti-inflammatoire.

Le Pissenlit (Taraxacum officinalis)

Riche en vitamines et sels minéraux, le pissenlit soutient les divers mécanismes enzymatiques de l’organisme. Son action drainante et dépurative complète celle de la pensée et de la bardane.

L'Orme (Ulmus campestris)

Ce bourgeon est un grand draineur de la peau recommandé pour le traitement de l’acné des adolescents. Lui aussi est anti-inflammatoire.

Le Noyer (Juglans regia)

Anti-infectieux réputé, ce bourgeon limitera la surinfection des lésions.

Pour les adolescents, un mélange d’extraits hydro-alcooliques de pensée sauvage, de bardane, de pissenlit, de gemmothérapie d’orme et de gemmothérapie sans alcool noyer pourra être proposé.

Matin et soir, en dehors des repas, l’adolescent prendra 10 gouttes de chaque phytothérapie et gemmothérapie classique et 5 gouttes de gemmothérapie sans alcool dans un peu d’eau.

Tester cette proposition sur 3 cycles de 21 jours (séparés d’une semaine de pause) pour commencer.

Ce mélange est à éviter en cas d’allergie aux plantes de la famille des Astéracées et chez les adolescents de moins de 12 ans.

Par voie externe

Matin et soir, avec des mains bien propres, nettoyer la peau avec un savon adapté. Éviter l’utilisation de produits désinfectants et agressifs qui éliminent le film hydro-lipidique et ses micro-organismes.

Le savon Capra et le savon Menthe d’Herbiolys sont à tester ! Le lait de chèvre équilibre la production de sébum. Il est idéal pour les peaux grasses à tendance acnéique.

Les huiles essentielles de menthe verte et de menthe poivrée apportent des propriétés cicatrisantes, anti-inflammatoires et anti-infectieuses.

Pour sécher la peau, tamponner doucement le visage avec une serviette. Appliquer ensuite à la compresse un hydrolat d’achillée millefeuille (anti-inflammatoire, assainissant cutané, cicatrisant), de romarin à verbénone (antiseptique et astringent) ou de laurier noble (également antiseptique et astringent).

Le soir, masser délicatement les zones les plus touchées avec une huile bien-être de Calendula. Anti-inflammatoire cutané, il présente aussi des propriétés cicatrisantes, idéal donc pour ce type d'infection.

Ne pas oublier non plus que l’hydratation se fait de l’intérieur : l’eau de boisson est essentielle dans le soin apporté à la peau !

Réguler les émotions trop intenses

L'adolescent peut se sentir différent, « pas comme les autres ».  Sautes d’humeur, manque de confiance et grande émotivité sont fréquents en raison des changements hormonaux et physiques.

Avec la florithérapie (fleurs de Bach)

L’élixir floral Moutarde (Mustard - Fleur de Bach n°21) peut redonner de l’élan et chasser les humeurs maussades. L’élixir floral Dame de onze heures (Star of Bethlehem - Fleur de Bach n°29) pourra libérer de la souffrance causée par des complexes ou un chagrin d’amour. L’élixir floral Noyer (Walnut - Fleur de Bach n°33) soutient les processus de transformation et favorise l’ancrage.

Prendre 3 gouttes de l’élixir floral le plus adapté, 3 fois par jour en dehors des repas, pendant 3 semaines, directement sous la langue. Avec le temps les émotions peuvent évoluer. Dans ce cas, ne pas hésiter à changer d’élixir. Entre deux cycles de 21 jours, procéder à un arrêt de 7 jours.

Avec l’olfactothérapie (huiles essentielles)

Les huiles essentielles de petit grain bigaradier (Citrus aurantium var amara), de lavande fine (Lavandula angustifolia) ou de Camomille noble (Chamaemellum nobile) apporteront du réconfort. Déposer sur un mouchoir en tissu 1 goutte de chacune des huiles essentielles. Le donner à respirer à l’adolescent en lui proposant plusieurs cycles respiratoires composés d’une longue expiration par la bouche suivie d’une lente inspiration par le nez.

Le petit grain bigaradier est particulièrement adapté pour les spasmes produits par des émotions exacerbées comme des fous rires ou des pleurs violents…. Ou les deux en même-temps !

La lavande fine est indiquée dans les cas d’insomnie, de nervosité, d’agitation, d’angoisse notamment chez les jeunes.

La camomille noble dispense un effet régulateur sur le plexus cardiaque et le rythme du cœur. Elle est à la fois antispasmodique et calmante du système nerveux.

La cohérence cardiaque

Le téléphone portable semble être un outil indispensable à l’adolescent. Pourquoi ne pas en profiter pour lui soumettre une application de cohérence cardiaque qui permettra de mieux gérer ses émotions au quotidien et de se relaxer ?

Soigner l’alimentation !

Au cours de l’adolescence, les jeunes filles pourront prendre jusqu’à 8 cm par an, et les jeunes hommes jusqu’à 10 cm.

La qualité de l’alimentation sera primordiale pour apporter tous les nutriments nécessaires. Privilégier au maximum les fruits et légumes, limiter du mieux possible les aliments transformés et ultra-transformés.

Pour les encas, préparer un mélange de graines et de fruits secs, ou des jus de légumes minutieusement choisis !

Les noix de cajou et du brésil par exemple contiennent du zinc et du sélénium qui participent aux processus de fertilité, de reproduction, de synthèse des tissus cutanés.

Les oméga-3 que l’on trouve dans les huiles de colza, lin, noix, améliorent la réponse anti-inflammatoire.

Les dattes sont riches en phosphore et en magnésium qui contribuent au maintien de l’ossature et de la dentition.

Les jus de légumes apporteront de nombreuses vitamines et des oligo-éléments.

Contrairement à l’idée véhiculée, mieux vaudra éviter les produits laitiers. Ils contiennent des hormones de croissance qui favorisent l’inflammation. Les desserts lactés qui ont envahi les supermarchés sont trop riches en sucre. Ces produits, aux index glycémiques très élevés, augmentent la disponibilité des androgènes impliqués dans le développement de l’acné.

Pour soutenir l’adolescent, il sera nécessaire en premier lieu de l’écouter et d’accueillir avec une grande tolérance tout ce qu’il exprimera. Il faudra rester vigilant et ne pas confondre « crise d’adolescence » et « souffrance psychique ». Sommeil perturbé, difficultés à tisser des liens sociaux, incapacité à réaliser des tâches quotidiennes courantes, répétition de conduites à risque, échecs récurrents, agressivité envers soi-même et envers les autres, cette longue liste de manifestations doit alerter et il ne faudra pas hésiter à consulter. Mieux vaut une consultation inutile qu’une prise en charge trop tardive et des complications !

Claire Mison, praticienne en Herboristerie traditionnelle